1er septembre 2022. Après des mois d’attente et une préparation en amont, me voilà partie pour trois semaines sur les routes de l’Inde du Nord, plus précisément dans les Etats de l’Uttarakhand, de l’Himachal Pradesh et du Pendjab. Après un vol de nuit, j’atterris à Delhi et je retrouve notre partenaire indien ainsi que le chauffeur, qui vont m’accompagner durant ce voyage. J’ai hâte de découvrir ces Etats qui ont l’air très différents les uns des autres ! C’est parti !
Nous prenons la route en direction de l’Etat de l’Uttarakhand (anciennement Uttaranchal). Avant l’an 2000, son territoire appartenait à l’Uttar Pradesh. L’Uttarakhand, montagneuse, regroupe principalement des stations d’altitude, comme Mussoorie et Nainital, de nombreux circuits de randonnées et de rafting, des ashrams où pratiquer le yoga mais aussi le Parc National Jim Corbett.
Départ matinal pour un safari dans le parc et tenter d’y observer la faune très variée qui y réside. Cinq minutes après l’entrée dans le parc : un tigre du Bengale traverse la route. Ce moment suspendu ne dure que quelques secondes mais reste un souvenir inoubliable. Il est cependant très difficile d’apercevoir des tigres dans ce parc car il reste très dense. Nous observons aussi des éléphants, langurs gris, daims, paon, macaques à tête rouge et diverses espèces d’oiseaux.
Direction Haridwar, ville sacrée de l’hindouisme. De nombreux pèlerins viennent se baigner dans le Gange, LE fleuve sacré du pays. Mon premier ressenti : il fait très chaud et humide à cette période (septembre) ! Je remarque beaucoup d’indiens attroupés sur les ghâts au bord du Gange. Les ruelles de la ville, bondées, sont bordées d’échoppes colorées remplies d’objets en tous genres.
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A une heure d’ici, Rishikesh attire de nombreux pèlerins mais aussi beaucoup d’occidentaux car elle est considérée comme un haut lieu de la spiritualité. Surnommée « capitale mondiale du yoga », la ville est très connue pour ses ashrams où sont enseignés méditation et yoga. Pour la petite anecdote, à la fin des années 60, les Beatles ont séjourné dans l’ashram du yogi Maharishi Mahesh afin d’y recevoir l’enseignement de la méditation transcendantale. Balade dans les rues de la ville et sur un des ponts suspendus pour nous rendre près des Triveni ghats. Bien que réservés aux piétons, les ponts suspendus (jhula), assez étroits, sont aussi traversés par les scooters et les motos.
Route pour Chandigarh, capitale des Etats du Pendjab et de l’Haryana. La ville a été conçue en 1950 par Le Corbusier, célèbre architecte franco-suisse, juste après la partition des Indes de 1947. Lahore étant, en effet, devenue la capitale du Pendjab pakistanais, il fallut en créer une nouvelle côté indien. Chandigarh me paraît très bien organisée, c’est assez surprenant pour une ville indienne.
La première chose qui me saute aux yeux, ce sont les rues particulièrement larges et très propres. Il n’y a pas ou peu de déchets sur les bords des routes, contrairement à la majorité des grandes villes en Inde. Arrêt au lac Sukhna avant de visiter le Rock Garden, très joli jardin connu pour ses sculptures d’animaux et de personnages, créées par l’artiste Nek Chand, à partir de matériaux et objets de récupération.
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Parlons maintenant du train, sans conteste le moyen de transport à expérimenter en Inde ! Nous rejoignons la gare de Kandaghat en voiture. Ce voyage en train de 2h30 pour Shimla me permet de profiter des magnifiques paysages traversés et d’échanger, par des gestes et des sourires, avec une famille de bangladais qui partage le même wagon que moi. Tour à tour, nous nous approchons des portes ouvertes du train et passons notre tête à l’extérieur pour mieux profiter des paysages environnants.
Pendant plusieurs jours, nous arpentons le territoire de l’Himachal Pradesh, littéralement les « terres des montagnes enneigées ». Cet Etat bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle.
Je rejoins Shimla, capitale de l’Himachal Pradesh. Située à environ 2 200 mètres d’altitude, la ville, ancienne capitale d’été du Raj britannique, est une destination prisée par les Indiens du fait de son climat tempéré et de sa localisation au milieu des massifs boisés. Après la chaleur suffocante de Rishikesh et Haridwar, on respire de nouveau. En nous baladant dans les rues, on remarque tout de suite, au travers des bâtiments, que la ville a su conserver tout son charme colonial.
Notre voyage se poursuit vers le Nord jusqu’à Rampur (district de Shimla). Située sur l’ancienne route commerciale qui reliait l’Inde au Tibet, la ville est une étape avant d’arriver dans le district du Kinnaur. L’attrait principal de Rampur est le palais de Padam, ancienne résidence des rois du Bushahr, alliant style néogothique et traits orientaux. L’une des dépendances a été transformée en hôtel, le Nau Nabh, où nous séjournons. Le palais reste privé mais nous pouvons visiter l’extérieur.
Le remarquable temple de Bhimakali à Sarahan vaut le détour, il est magnifiquement orné de décorations en bois sculpté.
Nous rentrons dans le district du Kinnaur, situé aux confins du plateau tibétain, à l’extrémité nord-est de l’Himachal Pradesh. Dans les années 1950, il fut soumis à des restrictions de circulation du fait de sa proximité avec le Tibet. Plus nous avançons et plus les paysages deviennent grandioses, montagneux tout en restant verdoyants. La route longe la rivière Sutlej, affluent de l’Indus qui prend sa source près du mont Kailash, dans la région autonome du Tibet. Le territoire jouit d’une grande diversité : villages à flanc de collines, champs en terrasses, pentes boisées, relief escarpé ; de quoi en prendre plein les yeux !
Nous quittons la route principale pour découvrir la vallée de la Baspa (aussi appelée Sangla Valley), qui nous mène jusqu’à Chitkul, dernier village avant d’arriver au Tibet. Les paysages sont superbes et nous passons la nuit dans un hôtel incroyable au bord de la rivière Baspa, au milieu de pommiers, avec une vue imprenable sur les montagnes !
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Continuation vers le haut Kinnaur, où le bouddhisme est omniprésent. Des drapeaux à prières flottent au vent un peu partout et nous rappellent que nous sommes proches du Tibet. Un arrêt s’impose à Reckong Peo afin d’obtenir mon permis spécial, obligatoire pour visiter la vallée du Spiti (car nous passons près de la frontière).
A Kalpa, nous profitons d’une vue panoramique sur le massif du Kinner Kailash ! J’apprécie particulièrement l’ambiance paisible de ce village. Un peu plus au Nord, le village de Nako est bordé par un lac et un habitant a la gentillesse de nous faire visiter.
Nous poursuivons notre voyage dans la vallée du Spiti (district du Lahaul-et-Spiti), située au cœur de la zone désertique de l’Himachal Pradesh. Le Spiti reste une région isolée, qui a su conserver son caractère tibétain et sauvegarder son patrimoine bouddhique très ancien. Les paysages changent du tout au tout, passant de vallées verdoyantes à des massifs totalement rocheux et arides.
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Au fil des jours, nous explorons le territoire de villages en villages, tous plus reculés les uns que les autres (certains sont perchés à 4400 m. d’alt.) et je reste sans voix devant la beauté des monastères bouddhiques qui surplombent la vallée : Dhankar (ancienne capitale du Spiti), Lhalung, Key (le plus grand monastère de la vallée du Spiti), Kibber, Langza, Kaumic, Hikkim.
L’atmosphère y est paisible, loin de l’effervescence des grandes villes, et les habitants que l’on croise parlent tous ladakhi. Nous ne disons plus « Namaste » pour saluer les villageois mais « Djule » ! Avant chaque hiver, qui sont souvent très rudes, ils sont habitués à faire des provisions pour tenir toute la saison.
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Je remarque très facilement que le bouddhisme est omniprésent, par la présence des monastères et des drapeaux à prières bien sûr, mais aussi par tout un tas de citations bouddhistes accrochées aux murs dans les hôtels ou même près des monastères.
Kaza, située le long de la rivière Spiti, est la plus grande ville commerciale de la vallée.
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District de Kullu
Direction Manali dans le district de Kullu. En chemin, nous nous arrêtons au lac Chandratal, niché à 4250 m. d’altitude. La route est un peu difficile pour rejoindre Manali, ville-étape sans intérêt selon moi puisqu’à part le temple Hadimba Devi, on y trouve essentiellement des hôtels. A Naggar, nous découvrons la galerie d’art et le musée consacrés à Nicolas Roerich, peintre russe ayant été nominé deux fois au Prix Nobel de la Paix. Nous visitons aussi le très beau château de Naggar, construit dans la moitié du XVe siècle.
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Le voyage se poursuit avec de nombreux arrêts : Kullu pour la visite d’une fabrique de châles traditionnels himachali, le lac Rewalsar (sacré pour les bouddhistes), Bir et son superbe monastère Chokling, Baijnath et son ancien temple en pierre (IXe siècle), Palampur parsemée de plantations de thé.
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District de Kangra
Arrivée dans la vallée de Kangra à Dharamsala, connue pour être le siège du gouvernement tibétain en exil et le lieu de résidence du Dalaï-Lama. En réalité c’est à McLeod Ganj, la ville haute située 3 km plus haut, et le complexe Tsuglagkhang reste le principal site à visiter. Il regroupe la résidence du Dalaï-Lama (évidemment privée), mais aussi le monastère de Namgyal et le temple Tsuglagkhang où de nombreuses conférences du Dalaï-Lama ont lieu. Il était d’ailleurs en ville quand nous y étions mais le chauffeur, originaire de Dharamsala, m’a assuré qu’on ne le voyait que très rarement. Il est aussi très agréable de se balader dans le marché, où l’on retrouve de nombreux objets tibétains artisanaux.
Continuation pour Pragpur, déclaré « village du patrimoine national » en 1997 par le gouvernement de l’Himachal Pradesh, tout comme le village de Garli à proximité. Nous avons l’occasion de visiter l’hôtel Château Garli, absolument somptueux !
Notre périple se termine en apothéose dans le Pendjab à Amritsar, capitale religieuse des Sikhs principalement connue pour son somptueux Temple d’Or. C’est la première fois que je vois un temple de cette ampleur où règne une atmosphère spirituelle incontestable. Je trouve qu’il est indispensable de visiter le temple dans la soirée et en journée car l’ambiance y est différente. Ici la majorité de la population est sikh, on les reconnait par leurs turbans colorés.
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Ce voyage de trois semaines m’a permis de découvrir des régions totalement différentes et de rencontrer une population d’une générosité et d’une gentillesse sans faille ! Je dis toujours que pour moi, l’Inde est un ensemble de « petits pays » car il suffit de changer d’Etat pour découvrir une nouvelle population, nourriture, langue, coutumes, climat, etc.
C’est un pays toujours surprenant, où que l’on soit ! Et il mérite d’être exploré dans les moindres recoins !
Retrouvez nos deux voyages dans ces Etats ici :
https://www.explo.com/circuit-inde-kinnaur-spiti
https://www.explo.com/circuit-inde-uttarakhand-himachal-pradesh-pendjab
Valentine Rémery